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L’or de Yamashita

île de Luzon, Philippines

La Seconde Guerre Mondiale a été le théâtre de nombreux forfaits, la plupart encore méconnus du grand public à ce jour. Certains oubliés comme l’or de Yamashita, au contraire, reviennent sur le devant de la scène des décennies plus tard et y perdurent.

Les origines du trésor de Yamashita

Du nom du tristement célèbre Tomoyuki Yamashita, un haut général japonais, ce trésor résulterait de pillages destinés à soutenir financièrement l’effort de guerre. Outre des centaines de kilos d’or brut, le trésor aurait été composé d’objets de valeur provenant de banques, de musées, de propriétés privées ainsi que de temples religieux de toute l’Asie. Entre mythes et réalités tangibles de l’Histoire, retour sur un trésor qui fait couler encore beaucoup d’encre aujourd’hui.

Tomoyuki Yamashita fut une figure emblématique du corps militaire japonais au 20ème siècle. Si ses victoires ont été nombreuses, celles-ci se sont arrêtées à l’aube de la fin de la deuxième guerre mondiale. Capturé et jugé, il a été déclaré coupable et condamné à mort en 1946. Au grand désespoir de nombreux chercheurs de fortune, l’emplacement du trésor caché qu’il avait passé plusieurs années à amasser est mort avec lui. Si la légende raconte qu’il l’a caché dans de nombreux emplacements aux Philippines, chacun scellé à la dynamite, le mystère reste entier encore aujourd’hui.

Une remise en lumière fracassante après plusieurs décennies

Il faudra attendre l’année 1961 avant qu’un serrurier, du nom de Roger Roxas, ne remette le trésor sur le devant de la scène. Celui-ci affirme à l’époque avoir trouvé une carte y menant en rencontrant le fils d’un ancien militaire japonais affilié à Tomoyuki Yamashita. La carte, basée sur les récits du père, amène Roger Roxas à se lancer dans une chasse au trésor d’une décennie sur l’île de Luzon, pour trouver l’emplacement réel de l’or tant convoité.

En 1971, celui-ci met la main sur une chambre bâtie au cœur d’une grotte qu’il fouillait sans relâche depuis des semaines. Il racontera par la suite qu’à l’intérieur, de nombreux corps portant l’uniforme militaire japonais lui ouvrirent la voie vers des centaines de caisses, chacune remplie de lingots d’or. L’ensemble était gardé par un bouddha d’or massif, pesant pas moins d’une tonne. Pensant avoir trouvé l’or de Yamashita, Roxas transporte le Bouddha d’or à son domicile, accompagné de 24 blocs d’or.

Une mise en vente aux retombées politiques

Désireux de vendre au plus vite, Roxas rencontra rapidement trois acheteurs potentiels qui validèrent la pureté en or du Bouddha. Mais l’un des acheteurs travaillait pour le président Ferdinand Marcos, dictateur philippin alors au pouvoir. Deux mois après sa tentative de vente infructueuse, Roxas a été la cible d’une perquisition d’hommes armés à son domicile. Selon lui, les soldats portaient l’uniforme officiel de l’armée du Président Marcos. L’un des trois acheteurs était également présent.

Son histoire a fait la première page des journaux philippins et toutes les grandes chaînes de télévision l’ont couverte. Dans une tentative de Marcos pour entacher l’histoire de Roxas, plusieurs articles ont été publiés, affirmant que Roxas était simplement payé par l’opposition politique pour raconter des mensonges. Le spectacle médiatique s’est prolongé pendant des semaines, jusqu’au 18 mai 1978 où trois hommes en civil arrêtent Roxas, officiellement pour négocier avec Marcos. Leur périple se serait en réalité arrêté dans un vieux bâtiment désaffecté, où Roxas aurait été attaché à une chaise et vivement interrogé sur l’emplacement de l’or de Yamashita.

Un emprisonnement forcé suivi d’une cavale

Toujours selon Roxas, celui-ci a refusé les demandes de ses ravisseurs mais l’a immédiatement regretté. Son calvaire aurait duré des jours, jusqu’à ce que son état de santé soit critique ; ne laissant aucun autre choix à ses ravisseurs que de le laisser se reposer et panser ses blessures.

Serrurier, Roxas profitera de l’occasion d’être laissé seul pour crocheter sa cellule et s’échapper. Après avoir regagné son domicile, lui et sa famille se sont enfuis dans une région reculée des Philippines, région qu’ils ne quitteront plus pendant une décennie. Roxas ne reposera jamais les yeux sur le Bouddha en or.

La fin d’une dictature et des aveux tardifs

Les Philippins se révoltant contre Ferdinand Marcos et sa famille en 1986, il s’enfuit à Hawaï, qui deviendra son lieu de repos final en 1989. Sa femme, Imelda Marcos, déclarera à sa mort que leur fortune été attribuable en grande partie au trésor de Yamashita. Revenu sur le devant de la scène, Roxas poursuivit l’ancien dictateur et ses descendants pour la valeur totale du trésor qu’il avait découvert. Malheureusement, Roxas mourut quelques jours avant le procès.

Néanmoins, la déposition de Roxas ainsi que d’autres dépositions de témoins, suffiront à convaincre le jury de voter en sa faveur. Si le premier jugement lui accordait plusieurs milliards en dédommagement, l’appel a réduit cette somme à quelques millions. A ce jour, plus d’un million de dollars ont été versés à sa famille, bien loin malheureusement du montant que le tribunal lui avait initialement accordé.

Un trésor dont l’emplacement fait toujours l’objet de recherches

L’histoire laisse à penser que le trésor a bel et bien existé, et que l’or qu’il contenait a bien été trouvé : toutefois, les historiens ne s’entendent pas sur la nature avérée ou non du trésor. Certains d’entre eux affirment en effet qu’en 1943, les Japonais avaient perdu le contrôle des mers : ils n’auraient donc pas choisi les Philippines comme destination pour un trésor de guerre. Cela n’empêche pas, encore aujourd’hui, des chasseurs de trésors de rechercher son hypothétique emplacement.

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