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Mines d’or : un secteur sous haute tension
On considère que les premières mines d’or remonteraient au 4e millénaire av. J.-C.. Celles-ci auraient d’abord vu le jour en Égypte, puis, de nombreuses civilisations auraient commencé à extraire l’or de notre sous-sol, et ce, notamment en Afrique, en Chine, en Europe et sur le continent américain. Longtemps pratiquée de manière artisanale ou proto-industrielle, l’extraction aurifère devint industrielle au début du XIXe siècle, et ce, grâce à la révolution industrielle et à l’invention de machines toujours plus puissantes pour extraire davantage de minerais de la croûte terrestre. À tel point que la production d’or mondiale atteignait les 3260 tonnes par an en 2018, avec une croissance de 1 % chaque année. Pourtant, l’extraction du métal le plus noble de tous est entourée de nombreuses controverses. Focus sur les mines d’or, un secteur sous haute tension.
L’exploitation aurifère, un désastre écologique
Les principales critiques vis-à-vis de l’exploitation aurifère de nos jours sont d’ordre social et environnemental. En effet, la plupart des mines d’or sont souvent des concessions louées par des entreprises étrangères sur une période bien précise. De ce fait, l’extraction du métal précieux et le profit deviennent les principaux mots d’ordre tandis que les préoccupations sociales et environnementales sont mises de côté.
Un impact environnemental lourd de conséquences
Aujourd’hui, il n’existe malheureusement pas de techniques sans conséquence pour l’environnement pour extraire et produire de grandes quantités d’or. De ce fait, l’exploitation aurifère de manière industrielle se révèle être une activité particulièrement nocive, que ce soit sur le court, moyen et long terme, et possède un impact négatif à la fois sur le plan paysager, sanitaire, écologique et hydrogéologique.
Le principal risque lié à l’exploitation aurifère est celui de la technique de la cyanuration, qui consiste à mélanger de grandes quantités de boues à une solution de cyanures alcalines. Si le procédé est efficace pour séparer l’or des autres minerais, il est aussi particulièrement néfaste pour l’environnement. Pratiquée sans précautions, la cyanuration implique une pollution aux métaux lourds des nappes phréatiques et des cours d’eau. Ce fut notamment le cas du désastre du Tisza, survenu en 2000, lorsque les digues d’un barrage de cyanuration lâchèrent, et dont les boues toxiques polluèrent le plus grand affluent du Danube, tuant toute forme de vie sur plusieurs centaines de kilomètres.
Pourtant l’impact environnemental des mines d’or ne s’arrête pas là. Les exploitations aurifères contribuent grandement à la déforestation, notamment dans certaines régions tropicales, et consomment énormément d’eau. À terme, les forages laissent des marques indélébiles sur nos paysages : les vestiges des mines d’or abandonnées restent tels quels, avec leurs lots de machines lourdes laissées sur place. Les mines à ciel ouvert ne sont que rarement rebouchées par les sociétés spécialisées dans l’extraction minière.
Un bras de fer entre les associations écologistes et les sociétés aurifères
L’impact néfaste des mines d’or sur certaines régions du monde contribue à une levée de boucliers et à de nombreux bras de fer entre des associations écologistes et les grandes sociétés d’exploitation aurifère.
Ce fut notamment le cas au Cameroun, en 2017, lorsque l’ONG « Forêts et développement rural » (Foder) dénonçait la catastrophe écologique qu’avaient laissée les sociétés aurifères à Longa Mali, un village de l’est du pays. On y retrouve aujourd’hui des centaines de trous remplis d’eau, vestiges des mines, dans lesquels les enfants se baignent, et risquent de se noyer. L’ONG expliquait que les sociétés n’avaient investi dans aucune œuvre sociale : ni routes, ni école, ni centre de santé, et qu’elles avaient exploité les terres puis étaient parties, laissant derrière elles un paysage désertique.
C’est le cas plus récemment au Panama, ou au Cambodge : les annonces de créations de nouvelles mines créent des levées de boucliers chez les associations écologiques, dénonçant des activités particulièrement polluantes pour la planète et accusant les autorités de soutenir des projets liés à la déforestation massive.
Les dangers de l’orpaillage sauvage
Si l’exploitation aurifère est particulièrement dangereuse pour l’environnement, il en va de même pour l’orpaillage illégal, pratiqué en dehors des règles mises en place par les institutions. De ce fait, l’orpaillage illégal se révèle un fléau à la fois social, sanitaire et environnemental.
L’orpaillage illégal et son impact sur les sociétés des pays en voie de développement
L’orpaillage illégal est une pratique particulièrement répandue dans les pays considérés en voie de développement et possédant une longue tradition aurifère. C’est notamment le cas de nombreux pays d’Afrique centrale, mais aussi d’autres régions du globe, comme c’est le cas en Guyane par exemple.
Pourtant, l’orpaillage illégal est bien éloigné de l’idée que l’on a pu se faire des ruées vers l’or qui ont caractérisé le XIXe et le XXe siècle aux États-Unis et au Canada. Et pour cause : l’orpaillage illégal dans les pays en voie de développement se révèle être un fléau pour les sociétés.
En effet, les principaux acteurs de cet orpaillage illégal en Afrique sont les enfants. Exploités par des dirigeants de sites d’orpaillage illégal, les enfants déscolarisés représentent alors une main-d’œuvre particulièrement bon marché et docile. Les exploitants mettent à profit la pauvreté des zones proches de mines d’or pour compter sur une main-d’œuvre de plus en plus jeune : on retrouve aujourd’hui, dans les sites d’orpaillages illégaux, des enfants dont les plus jeunes peuvent avoir à peine 6 ans.
Dans certaines écoles publiques de l’est du Cameroun notamment, près de 40 % des enfants manquent à l’appel : il s’agit d’enfants qui travaillent avec leurs parents sur des sites d’exploitation aurifère. Certaines doivent même fermer leurs portes du fait même qu’elles aient été désertées par les enfants de la région.
Risques sanitaires et écologiques de l’orpaillage illégal
Les conséquences de l’orpaillage illégal ne s’arrêtent pourtant pas à de véritables problèmes sociaux. En effet, les sites d’orpaillages illégaux se révèlent être encore plus nocifs pour l’environnement et la santé des personnes qui y travaillent que les mines dites « légales ».
Et pour cause : l’orpaillage illégal peut alors se soustraire aux réglementations qui encadrent les mines aurifères autorisées par les gouvernements. On y retrouve alors de véritables problèmes en matière d’environnement : les tailles dans les forêts ne sont pas réglementées et les résidus chimiques utilisés ne sont pas traités. À titre d’exemple, on considère aujourd’hui que l’orpaillage illégal aurait détruit près de 157 000 ha de forêt en Guyane, au Suriname et au Guyana depuis 2001. Pire : les dépôts de cyanure sont relâchés directement dans les cours d’eau.
De la même manière, l’or illégal nuit gravement à la santé des personnes qui travaillent sur des sites d’orpaillages illégaux. Ces derniers travaillent sans protection dans des conditions souvent insalubres et consomment des aliments et des liquides directement extraits sur le site d’exploitation. On retrouve alors des empoisonnements aux métaux lourds chez les enfants et chez les adultes travaillant au sein de mines d’or illégales. De nombreuses études sur les populations travaillant au sein de sites d’orpaillages illégaux en Guyane indiquaient qu’ils présentaient des taux de métaux lourds dans le sang quatre fois supérieurs aux personnes vivant sur le littoral.
De ce fait, l’exploitation de mines d’or se révèle être un fléau, à la fois d’un point de vue social, économique et environnemental. Il est urgent de s’orienter vers des méthodes de productions plus éthiques, à la fois respectueuses des humains et de la santé de notre planète. On retrouve aujourd’hui de plus en plus de sociétés qui souhaitent s’orienter vers ce type d’exploitation. Et en attendant que les choses changent dans le monde de l’exploitation de l’or, il est possible de procéder au recyclage des métaux précieux, qui se révèle être une formidable alternative à l’extraction minière.
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